Historique de la valeur de l'or

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Crédit photo : Distributeur automatique Paris

Tout au long de l’histoire de l’économie moderne, l’or a joué un rôle clédans les transactions commerciales et financières à travers le monde. Ce n’est que depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, puis lors de la fin de l’Etalon-or aux USA en 1971 par Nixon que l’or a perdu sa stature mondiale de contrôle des monnaies.

Depuis cinquante ans, l’or est passé de 35$ l’once à… près de 1400$ l’once récemment… Retour sur le parcours mouvementé de la matière la plus noble sur terre, que l'on peut trouver plus en détail sur le site Amellon.

Depuis la fin du XIXe siècle, l’Or est ancré dans la stabilité monétaire mondiale. La première guerre mondiale et la crise économique des années 1930 vont mettre à mal cette stabilité.

Après la fin de la grande guerre, la production industrielle est en chute libre. Au début des années 1920, le PIB de la Grande-Bretagne est à 50 % du niveau de 1913, 60 % pour le France, 75 % pour l’Allemagne. Les Etats-Unis deviennent les créanciers du monde en apportant des quantités énormes de capitaux pour la reconstruction en Europe. C’est bien entendu l’Allemagne qui en “profite” le plus, afin de pouvoir reconstruire le pays et de payer la dette de la première guerre mondiale. L’endettement massif externe du pays implique un service de dette élévé, venant s’ajouter aux réparations, qui ne pouvait être financé que par de nouveaux apports, ce qui entraîne inévitablement une hyperinflation en Allemagne. Les banques allemandes et autrichienne sont les premières à subir la crise économique de 1929 : Les capitaux américains se tarissant, l’Allemagne ne peut plus faire face à ses échéances et la crise se propage rapidement en Europe. La France est moins touchée par le système bancaire de l’époque, qui était beaucoup plus sécurisé et beaucoup moins risqué que les autres systèmes européens.

En 1925, Churchill rétablit la parité de la livre et de l’Or au niveau de 1924 (c’est en dire en fait, celui de 1816), soit 4,86 dollars ainsi qu’une convertibilité partielle (seules les lingots de 400 onces, d’une valeur de 1550 livres pouvaient être obtenus en échange de billets. Cette opération était décriée par Keynes mais soutenue par la City dans sa rivalité avec Ney-York pour la domination mondiale de la finance.

Cependant, la monnaie était manifestement surévaluée et, pour permettre le développement des exportations, il aurait fallu baisser prix et salaires partout dans le pays. L’Angletterre est l’objet d’une spéculation contre la livre lors de la grande crise financière de 1931. Les détenteurs térangers de sterling, notamment en France et en Europe centrale, demandent massivement la conversion en Or de leur avoirs. Ces demandes exercent un effet déflationniste mondial, car elles se traduisent par une contraction des liquidités internationnales (les devises rentrant dans la Banque centrale du pays émetteur correspondent à une “destruction” de monnaie). Le 21 septembre 1931, une suspension de la convertibilité de la livre Or était décidée pour six mois, mais elle sera définitive.

En France, les dévaluations successives d’après guerre permettent d’avoir un Franc sous-évalué, ce qui favorise le développement des exportations alors que dans le même temps la Livre est surévaluée. De nombreux capitaux étrangers affluent en France. Le franc sera ensuite surévalué suite aux dévaluations en Angleterre et aux Etats-Unis. La France de Laval s’accroche à la parité-Or. En 1932, la Banque de France détenait plus du quart des réserves officielles d’Or dans le monde suite au maintien de la politique du franc fort de Poincaré. La formation du Bloc-Or en Europe, formé le 3 juillet 1933, réunit les mêmes pays que l’union monétaire latine de la fin du XIXe siècle : France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Italie et Suisse. Ce bloc a pour but de maintenir les parités-or des monnaies concernés, ce qui implique encore des politiques de déflation afin que des pays comme la Grande Bretagne qui ont dévalué deviennent plus compétitifs. Ce qui fut un mauvais choix car la baisse des prix et des salaires est une opération difficile qui ne put pas être menée assez loin et de ce fait empêcha toute reprise. La fin du Bloc-Or est décidé par la dévaluation du franc et l’Accord tripartite de 1936 entre la France, l’Angleterre et les Etats-Unis. il s’agit d’une déclaration commune des trois pays visant à établir une coopération financière pour éviter les soubresauts des changes et des mouvements de capitaux internationaux, au prix de la renonciation à l’étalon-or pour la France. Cette action peut être considéré comme une première tentative internationale anticipant le système de Bretton Woods.

Après la guerre, lors de la réunion du Bretton Woods en juillet 1944, est décidée pour rétablir un certain équilibre dans le chaos monétaire de créer un Gold Exchange Standard (basé sur l’Or + devise). Il s’agit d’un système basé sur l’Or et le dollar avec un système de change fixe (à + ou – 1%). Le dollar est convertible en Or pour les seules banques centraleset des ajustements de taux de change sont possibles, sous la forme de dévaluations et réévaluations. La parité or/dollar reste de 35 dollars pour une once d’Or, parité définie par Rooselvelt en 1934.

Jusqu’en 1957, le système fonctionnera bien, mais par la suite deux facteurs entraineront sa chute :

- Des crises monétaires repétées, causés par une spéculation sans risque en prévision des prochaines dévaluations et/ou réévaluations. les divergences trop grandes entre les économies, au niveau des taux d’inflation en particulier ne permettaient pas de maintenir une fixité des changes durables

- La spéculation sur l’Or : comme tous les autres prix augmentaient et continuaient à augmenter, cela revenaient à sous-évaluer l’Or, et à déclencher une spéculation sur le métal precieux émanant de tous ceux qui comptaient sur son inévitable réevaluation. Les banques centrales essayront de stabiliser cette parité (“Le pool de l’Or” en 1960, la création du “double marché de l’Or” en 1968).

De nombreux pays (dont la France) exigaient la convertabilité de leurs dollars en Or, ce qui avaient pour conséquence d’amenuiser les reserves d’Or des Etats-Unis. Après la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis détenaient 80 % des réserves mondiales d’Or (Le fameux Fort Knox), pour ensuite passer à moins d’un cinquième dans les années 1960. Le 15 aout 1971, Richard Nixon lèva la convertibilité en supprimant le “Gold Exchange Standard”, l’Or ne rentre plus en jeu dans la parité des devises monétaires. Après la libéralisation du prix de l’Or, il passera à 650 dollars en 1980, 350 en 1990, 250 en 1999.

L’Or est définitivement démonétisé en 1976, avec les accords de la Jamaïque, devenant une matière première comme les autres.