1914-1945

Les Etats-Unis sortent largement renforcés du premier conflit mondial tandis que l’Europe doit relever ses ruines et que le capitalisme est désormais concurrencé par un nouveau système en URSS. La classe ouvrière sort aussi perdante car le beau rêve de l’internationalisme prolétarien n’a pu éviter la guerre. La guerre permit aussi l’implantation définitive de l’OST, car, pour remplacer les ouvriers partis au front, il fallait accroître la productivité et faire appel à une main-d’oeuvre moins qualifiée.
Sur ce fond de domination américaine et de défaite de la classe ouvrière, se construit un monde éclaté où les égoïsmes nationaux l’emportent jusqu’au déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale.
- expansion et secousses (1920-1929)
1920 : crise de reconversion de l’économie de guerre en économie de paix. L’Allemagne et l’Europe Centrale connaissent des taux d’inflation astronomiques (1000 milliards entre 1914 et 1923).
La France connaît aussi une forte poussée inflationniste (1922/1926 prix multipliés par 2) mais Poincaré réussit à rétablir le franc.  Les EU connaissent une forte expansion (1922-1929). Avec l’OST, production de masse et consommation de masse peuvent donc se conjuguer pour assurer la croissance économique. La livre étant concurrencée par le dollar, le gouvernement britannique pratique une politique déflationniste pesant sur les salaires et provoquant donc une vague de conflits sociaux. La décennie 20 est surtout marquée par de violentes perturbations monétaires, au contraire des crises du 19ème s. Les raisons invoquées sont l’éclatement du monde (décomposition des empires centraux, pertes de l’hégémonie britannique, non encore assumée par les EU, la France reste une grande puissance). Malgré cela, les années 22-29 restent des années de forte croissance économique.
- la crise de 1929
Elle commence par une crise boursière aux EU du à la hausse spéculative des marchés boursiers (cours multipliés par 6 entre 1921 et 1929 alors que la progression de la production industrielle n’est que de 30% et que les profits des entreprises sont moyens).
La propagation au reste de l’économie se fait par le système bancaire (les banques américaines retirent leurs avoirs dans les banques européennes, faillites en chaînes). Une réaction dépressive cumulative s’engage. Jusqu’en 1932 aux EU, on a chute des prix (nombreuses faillites agricoles), effondrement de l’investissement, de la production, envolée du chômage. Malgré la reprise de 1933-1937, les EU ne retrouvent pas le niveau de 1929 avant WW2. A cause du poids de l’économie américaine, la dépression s’étend à l’ensemble du monde (même Amérique latine). La guerre entre les monnaies donne lieu à une série de dévaluations compétitives : la GB abandonne l’étalon-or en 1931, le dollar dévalue fortement en 1934, la France utilise le contrôle des changes mais aussi les dévaluations (de même que la Belgique), l’Allemagne a un système composé de 2 monnaies (internes et externes). Les pratiques protectionnistes ne se limitent pas aux décisions monétaires et on assiste à un net recul du volume des échanges internationaux.
L’échec des politiques de déflation (équilibre très strict du budget, maintien d’une monnaie forte, maintien des prix intérieurs) : avec Brüning mais aussi Laval provient de la mauvaise adaptation à la concurrence internationale : elles conduisaient logiquement à des dévaluations successives qui accroissaient artificiellement la productivité, et la diminution des dépenses pénalisait la croissance et diminuait les revenus, puis les recettes budgétaires (Keynes).
Les politiques de relance : elles interviennent avec Roosevelt et le New Deal aux EU en 1933 qui se propose de relancer la consommation et l’investissement. Parmi les mesures prises, on assiste aux prémisses de l’état-providence, ce qui suscite de nombreuses critiques de la part des partisans de la libre entreprise. Les mesures principales du New Deal sont l’abandon de l’étalon-or et la dévaluation de 41% en 1934, l’AAA= subvention des exportations des produits agricoles, le NIRA= légalisation des ententes (contraire au Sherman Act et déclaré anticonstitutionnel en 1935), des aides sociales et un énorme programme de grands travaux. Le New Deal n’a pas été totalement bénéfique. En Allemagne, l’échec de la politique de déflation poussera les nazis au pouvoir qui appliquent à partir de 1933 une politique de reflation avec subventions importantes de l’état aux entreprises et immense effort d’armement (et isolationnisme total). A partir de 1936 en France (remplacement de Laval par L. BLUM), les français choisissent aussi la relance.